Sujet sensible mais bien réel, la modélisation économique des clubs professionnels et semi-professionnels reste fragile et doit être préparée en amont dès les niveaux inférieurs. L'un des enjeux, notamment, est de construire une organisation professionnelle à vocation commerciale.
Après les déclarations de Romain Molina lors de son audition au SENAT pointant le manque d’indépendance des autorités de contrôle dans le sport, en évoquant notamment les défaillances de DNCCG de la LFP et alertant sur les dégâts à venir dans le football professionnel, on peut s’interroger sur les bonnes pratiques et règles comptables à imposer aux clubs dès les championnats de France amateurs.
Dans le cas du Basketball français, depuis 2015, la Fédération française a renforcé et étendu le champs d’action de la Commission de Contrôle de Gestion jusqu’en championnat de Pré-Nationale. Une démarche nécéssaire et salutaire. Le président Jean-Pierre Siutat s’en justifiait pleinement lors d’une intervention à Lille en 2015.
Lors d’un précèdent post, nous avions établis le référentiel des clubs pros masculins et féminins disparus pour raisons financières. Dans l'idée de poursuivre mon raisonnement en méthodes de gestion, je vous propose des principes de base issus de mon expérience professionnelle et de mes accompagnements avec des clubs du mouvement sportif engagés dans une voie d'excellence sportive (focalisation équipe seniors).
Accompagnement: Je créé et personnalise des tableaux de bords personnalisées sur la base des mécanismes de perception de la valeur (mercator).
Dans ce post, il s’agit de redéfinir la nature de chaque financement produit par domaine d’activité stratégique dans le but de trouver l’équilibre financier d’un modèle économique viable et pouvant même dégager de la plu-value dans les meilleurs cas (réussite sportive).
En France, beaucoup de clubs s'engagent dans une voie d'excellence sportive avec une focalisation sur leur équipe Senior. La quête de performance sportive dès les niveaux inférieurs nécessite la rémunération des pratiquants et ouvre la voie à des pratiques qui caractérise l'amateurisme marron. Des pratiques encore trop courantes tel que la rémunération par les cotisations ou les subventions, le défraiement détourné, des circuits généralisés d'argent en liquide, les emplois fictifs, du salariat déguisé, les compléments de salaire Pôle-Emploi, les bons alimentaires et autres avantages en nature divers.. parce qu' "il n'y a pas le choix". Ces pratiques exposent les sportifs de haut niveau à la précarisation de leur métier et font de la masse salariale pour de nombreux clubs des gouffres financiers à défaut d'activité commerciale réelle pour combler le manque de produits d'exploitation de nombreux clubs.
Le but de ce schéma est de définir la nature de chaque produit et son emploi le plus adéquate pour établir un équilibre sur le compte d'exploitation d'un club en voie de professionnalisation.
Les Activités non-commerciales des associations sportives :
Il est important de rappeler que chaque association loi 1901 peut réaliser des exercices excédentaires et que l'interprétation du "but non-lucratif" est souvent sujet à confusion.
Une association reste délégataire d'une mission d'intérêt général et n'a pas vocation à rémunérer des sportifs de haut-niveau.
Cotisation / Adhésions : Participation financière de l'adhérent auprès de son club. Il contribue au fonctionnement de sa pratique et de son institution. Cette participation ne doit contribuer aucunement à la rémunération d'un pratiquant tiers.
Subvention : La Subvention d'exploitation est destinée au bon fonctionnement de la structure associative. Cette participation ne doit contribuer aucunement à la rémunération d'un pratiquant tiers. Dans une optique de transparence sur les dépenses publiques, la cour des comptes impose progressivement aux collectivités territoriales de qualifier les prestations de services des clubs professionnels (exemple : Sponsoring Public)
Mécénat / RSE : Le don d'un particulier ou d'une entreprise contribue au bon fonctionnement de la structure associative et de sa fondation (RSE). Cette participation ne doit contribuer aucunement à la rémunération d'un pratiquant tiers.
Le plafond d'exonération de TVA pour les activités commerciales des associations loi 1901 est de 73 528€. Une pratique d'optimisation fiscale courante dans de nombreux clubs professionnels est de déclarer les recettes "Buvette" dans le compte d'exploitation de la structure associative.
L'activité commerciale quant à elle devrait logiquement être dédiée qu'au financement de la masse salariale de l'équipe senior. Lors d'un Webinaire, Pierre Bonneau - Directeur Commercial du Boulazac Dordogne Basket (Pro B) pendant 20 ans, déclarait qu'il est vital pour club d'allouer des ressources à l'embauche d'un commercial dès la Nationale 2. On pourrait aller plus loin dans ce raisonnement en encourageant la création de société. Ceci pourrait être un critère d'engagement imposé par la CCG. Le parcours de compétences des dirigeants pourrait également devenir une condition d'engagement dès la Pré-Nationale.
Toutes les activités commerciales liées à l'image (Droits TV, Droits d'image ect...) des pratiquants rémunérés doivent contribuer pleinement au financement de la masse salariale et à la compétitivité du projet.
Le Sponsoring, qu'il soit public ou privé, est régie par de la visibilité et de l'association d'image. Rien de plus naturel que ses revenus soient reversés dans la masse salariale. Dans cet optique, l'amortissement de la masse salariale par les revenus des partenariats commerciaux devrait être la condition sinéquanone imposée progressivement par la CCG pour tout engagement en Nationale 2.
La Formation des joueurs (player's development) et la valorisation sur le marché des transferts peuvent également contribuer au financement de la masse salariale. Dans le microcosme du basket français, il y a beaucoup de mécanismes de valorisation à créer sur toute la chaine de production et la valorisation des joueurs, à défaut de normes, n'a pas encore connu de révolution. Les mouvements de transferts existent en Europe mais les conditions financières restent trop confidentielles et la clé pour voir un jour éclore un marché des transferts, réside dans la durée des contrats pour être perçus comme des actifs dans une logique d'investissement en quête de performance sportive et économique.
Les recettes de matchs et autres activités commerciales liées au grand-public peuvent également financer la masse salariale. Elles peuvent également être isolées pour constituer une plu-value sur la masse salariale afin d'être redistribuées en Dividendes auprès des actionnaires ou placés en fond de réserve en cas de coup de dur (erreur de recrutement).
En appliquant le principe d'amortissement de la masse salariale sur la saison LNB 2021-2022, on constate un équilibre constant chez les pensionnaires de la ligue professionnelle.
Les clubs ne parvenant pas à amortir par le sponsoring sont financés par des mécènes ou investisseurs privés (Monaco, Paris) récents qui travaillent leur modélisation économique; soit par une dépendance aux subventions publiques / sponsoring public.
Équipe | Masse Salariale | Sponsoring Global | % amortissement |
Pau-Orthez | 1 798 000€ | 1 402 000€ | 99,3% |
Fos Provence | 1 027 000€ | 794 000€ | 77,3% |
Paris | 1 890 000€ | 789 000€ | 41,7% |
Monaco | 6 739 000€ | 1 677 000€ | 24,9% |
Boulogne-Billancourt | 2 616 000€ | 531 000€ | 20,3% |
source DNCCG
Si nous déduisons le Sponsoring public par les collectivités, certains clubs chutent :
- Pau-Orthez de 99,3% à 77,4%
- Fos-Provence de 77,3% à 52,2%
- Boulogne-Billancourt de 20,3% à 4,4%
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